Par ses travaux précis et ses explorations particulières, Nicolas Nova avait le pouvoir d’inspirer celles et ceux qui suivaient ses recherches. Penseur singulier et remarquable observateur, il avait toujours au moins deux coups d’avance, souvent beaucoup plus. Sa disparition soudaine fin 2024 à l’âge de 47 ans a été un choc.

Hommage à Nicolas Nova à La Générale 1/2

Depuis le début des années 2010, je suivais avec grand intérêt son carnet en ligne, ses travaux et les parutions de ses ouvrages : Les flops technologiques : comprendre les échecs pour innover en 2011, Curious Rituals: Gestural Interaction in the Digital Everyday (avec K.Miyake, W.Chiu & N.Kwon) en 2012 puis Futurs? La panne des imaginaires technologiques en 2014. Dans ce dernier livre, au contenu toujours d’actualité, il m’avait écrit cette dédicace : “Pour Omer, le futur est-il un mur ?“.

En avril 2015, il m’avait envoyé ce message privé dans Twitter : “hello, peut être curieux pour toi, une newsletter sur le numérique que je viens de lancer…”. Cette infolettre aux contenus pointus c’était Lagniappe - et sans celle-ci, l’infolettre de muzeodrome n’aurait jamais existé.

Nicolas travaillait toujours en parallèle sur un ensemble de projets : des livres, des interventions ou des expositions. En 2016, au sein de l’Esadse et de la Cité du Design de Saint-Étienne, il avait été le commissaire de l’exposition Culture Interface :

Une exposition sur les interfaces de nombreux films et séries de science-fiction mettant en scène des objets technologiques (casques de réalité virtuelle, gants connectés, smartphones, interfaces gestuelles, interfaces neuronales…) tout en souhaitant démontrer que les designers savent aussi s’affranchir des stéréotypes pour proposer des créations singulières, renouvelant à leur tour ces grands modèles fictionnels.” (Culture Interface - Source Cité du Design)

En 2018, dans sa thèse de doctorat Figures mobiles: une anthropologie du smartphone, il s’intéressait à la signification du smartphone pour ses usagers. Fin 2022, le Bestiaire de l’Anthropocène qu’il avait conçu avec DISNOVATION.ORG avait été exposé sous la forme d’une installation à la Cité internationale des arts (Paris).

Le 14 novembre 2024, lors d’une rencontre-débat chez Libralire (Paris 11e), il présentait son dernier ouvrage Persistance du merveilleux (publié aux Éditions Premier Parallèle). Ce soir là, nous étions quelques privilégié·e·s à l’écouter et à discuter avec lui des numériques et du “petit peuple de nos machines”. Dans mon exemplaire de Persistance du merveilleux, à coté de sa dédicace manuscrite, il avait ajouté le dessin d’un petit fantôme du jeu Pacman. Fantôme qui prend une tout autre dimension depuis sa disparition !

Tu vas vraiment nous manquer Nicolas :-(

Quelques hommages : “Nicolas Nova, la pensée sauvage” par Frederic Kaplan (Le Temps) / “Persistance du merveilleux, hommage à Nicolas Nova” par François Saltiel (France Culture) / “NOVA VITA“ par Pierre-Olivier Dittmar pour la rédaction de Techniques & Culture / “Nicolas Nova (1977-2024), un éclaireur des futurs possibles” par Anthony Masure & Alexia Mathieu (AOC) / Journée hommage à “la pensée curieuse, transversale et tournée vers le futur” de Nicolas Nova à LA GÉNÉRALE (Paris), Le 8 février 2025.

Hommage à Nicolas Nova à La Générale 2/2

Finalement, le meilleur hommage qu’on pourra lui rendre : apprendre à observer, apprendre à décrire, se donner le temps et les moyens de voir.
Martin Lafréchoux - ”Exercices d’observation - En souvenir de Nicolas Nova” in “ABSOLUMENT TOUT”


{ Article publié dans le n°152 de l’infolettre Muzeodrome - le 17 avril 2025 }