Juliette Cazes vulgarise depuis 2017 la mort sous plusieurs aspects. Diplômée en archéologie, anthropologie, tourisme et même dans le domaine des pompes funèbres, Juliette mène des recherches en thanatologie. Elle est aussi l’autrice de quatre ouvrages : Funèbre ! Tour du monde des rites qui mènent vers l’autre monde (Éditions du trésor, 2020), Momies ! Corps conservés à travers le monde (Éditions du trésor, 2020), Cabinet de curiosités insolites, médicales et macabres (Dunod, 2023) & Abécédaire illustré des mots de la fin, co-écrit avec Hugo Blanchet (Atelier Perrousseaux, 2024)… Cela faisait un moment que je souhaitais l’interviewer dans muzeodrome - c’est chose faite ci-dessous.

Bonjour Juliette, tu effectues des recherches indépendantes en thanatologie. Qu’elles sont tes dernières découvertes ?

Dans le domaine de la mort, on n’invente rien, néanmoins, mes axes de travaux étant assez variés, mes travaux actuels se concentrent une méthodologie de prise en charge des corps très abîmés pour les agents de chambre funéraires, et d’ici peu un déplacement au Rajasthan et à Varanasi pour observer les crémations locales.

Sous l’étiquette “Le Bizarreum”, tu publies du contenu en ligne depuis mai 2017 (Vidéos YouTube, Billets de Blog, Podcast). Beaucoup de personne te connaissent d’ailleurs sous ce nom. Peux-tu nous en dire plus ?

C’est la contraction de “Bizarre” et de “Museum”, initialement je présentais l’archéologie et l’histoire funéraire au grand public, puis mon parcours professionnel et de recherche m’a permis d’élargir mes horizons.

Plusieurs de tes vidéos dans Youtube sont des succès pour des contenus documentaires, dernièrement celle intitulée “Cannibalisme et premiers colons d’Amérique du Nord | Anthropologie biologique”. Pourtant pendant quelques mois tu avais arrêté de publier dans la plateforme ?

J’étais fatiguée de publier une vidéo par mois depuis presque 5 ans, je ne gagne pas d’argent avec mes vidéos et surtout j’ai une vie à côté ! Face à la montée en puissance de Tik Tok, j’ai choisi de faire l’inverse : créer moins mais j’espère mieux. Et puis, j’ai surtout mis l’accent sur l’écriture de mes livres. 

Quelles missions réalises-tu pour les musées ?

Elles sont variées, les plus courantes sont des conférences pour le grand public. Néanmoins j’ai déjà été appelée pour compléter des contenus d’exposition, mais aussi donner des conseils autour de la question de la présentation de restes humains. Dernièrement, au musée de Bretagne, j’ai guidé la visite de l’exposition Mourir quelle histoire ! à travers mon regard.

Si un musée te donnait carte blanche pour monter une exposition, quel serait le projet que tu souhaiterais porter ?

J’aimerai un jour pouvoir faire officiellement partie d’un comité scientifique car mon nom ressort souvent en remerciements d’exposition de par mes travaux ou conseils, mais ma position est par conséquent frustrante. si j’avais une telle possibilité, j’aimerai beaucoup travailler autour des rites funéraires bien entendu !

Aurais-tu une ressource singulière et essentielle à nous partager ?

Singulière peut-être, essentielle pas forcément, mais j’aime entretenir des liens avec des baroudeurs de la mort comme le photographe Klaus Bo ou le média Hunting Asia.

Pour terminer cet entretien, si je te dis mort et numérique, tu penses à quoi ?

Un sujet qui me fatigue d’avance ! Il y a quelques années on a commencé à en parler, surtout autour de IA dans la prise en charge du deuil et les deadbot (on a fait un épisode dessus pour le Quai des Savoirs). Compte tenu du manque de mesure des gens avec les nouvelles technologies, je pense que dans mon domaine de travail ça va être l’enfer et surtout… un grand vide juridique !


{ Entretien publié dans le n°147 de l’infolettre Muzeodrome - le 2 juillet 2024 }