Il y a trois ans, en mars 2021, j’avais été cordialement invité à donner mon “point de vue” dans La lettre de l’Ocim. J’avais profité de cette carte blanche pour questionner la place des numériques dans les institutions muséales dans un article intitulé “Ouvrir d’autres numériques“.

Aujourd’hui, étant donné les innombrables changements en cours, il est évident que muzeodrome doit s’engager encore plus pour sortir de l’”informatique impersonnelle” et pour œuvrer à la visibilité d’autres numériques conviviaux et originaux tout en étant moins consommateurs en ressources, énergie et attention.

Depuis plusieurs décennies, je suis moi-même un acteur de l’informatisation de la société (comme je le développe dans mon autobiographie numérique). Alors que “le monde change et qu’on n’y comprend rien”, je ne suis plus en adéquation avec l’hyper-développement de l’informatique mainstream, que l’on appelle la Tech. Mais plutôt que d’adopter une approche uniquement technocritique, je préfère avec muzeodrome partir à la recherche de la ligne de crête qui affiche “autres numériques = autres futurs”.

L’humanité dépend pour sa survie d’une organisation sociale et d’infrastructures qui ne pourront être indéfiniment maintenues. Pour que la Terre reste habitable, il faut organiser le renoncement, pas seulement à l’échelle individuelle, mais aussi à l’échelle de ces “communs négatifs” qui composent notre cadre de vie. Le problème est qu’on ne redevient pas facilement “terrestres” à huit milliards. Entre l’arrêt de tout et l’intenable business as usual, existe-t-il une ligne de crête qui permettrait la survie de l’espèce dans des conditions justes et démocratiques ?
Début de la présentation de l’ouvrage d’Alexandre Monnin “Politiser le renoncement“ (publié en avril 2023 par Éditions Divergences)


{ Article publié dans le n°145a de l’infolettre Muzeodrome - le 25 avril 2024 }