L’exposition “Invader Space Station” présentée à Paris du 17 février au 5 mai 2024 permet de faire un point sur le travail d’Invader. Conçue avec l’artiste, cette exposition a pour commissaire Fabrice Bousteau, directeur de la rédaction de BeauxArts Magazine. Sur environ de 3 500 m2 , elle se déploie entre les 5e et 9e étages du 11 de la rue Béranger (Paris 3ème - près de la place de la République ) dans un bâtiment atypique qui fut un garage à étages dans les années 50 puis trois décennies plus tard le siège du journal Libération (de 1988 à 2015).
En juin 2011, à l’occasion de l’exposition accompagnant la pose du millième “Space Invader” à Paris, Invader avait été invité par le quotidien à intervenir sur une de ses éditions. Il avait modifié les polices de caractère de celle-ci pour que toutes les lettres A dans les titres soient des Aliens. Lors de son passage sur place, l’artiste avait découvert la terrasse du journal et ses dalles carrées - celle-ci l’avait inspiré pour une intervention (œuvre qui a été réactivée pour l’exposition)…
Un mercredi après-midi, juste quelques jours après son ouverture, j’ai exploré “Invader Space Station” avec mon fils. Je n’avais jamais eu l’occasion de visiter l’ancien garage et son célèbre hublot.
L’ascension dans le bâtiment à étages propose une belle dynamique de visite (par contre l’exposition n’est pas accessible aux personnes à mobilité réduite, ni aux poussettes). Écrits par Invader à la première personne, les différents textes de salle sont clairs et vivants (même si j’aurai aimé en lire plus!). Je ne vais pas vous divulgâcher la visite mais son moment le plus surprenant est probablement celui ou l’on découvre au travers d’un dispositif low-tech le 1500e “Space Invader” parisien situé à 900 mètres de distance.
J’ai passé environ 2h à visiter “Invader Space Station”, passage par la boutique inclus. Ce fut un agréable moment d’échange intergénérationnel avec mon fils dans un bâtiment qui mérite d’être gravi. Cependant, j’ai regretté le manque d’autres regards sur le travail du “hacker urbain”, ainsi que l’absence de témoignages des membres de la communauté “Flash Invaders”, particulièrement ceux des réactivateurs. J’ai également trouvé que l’exposition était globalement sage - celle de 2011 à la Générale était plus alternative.
”Invader n’a de cesse de laisser son empreinte tant dans les paysages du monde que sur les cimaises des musées et galerie d’art contemporain.”
Extrait de la présentation de l’artiste sur la feuille d’exposition
En sortant de l’exposition, je me suis aussi demandé si certains effets de l’Invasion n’avaient pas échappé à Invader, l’enfant du XXe siècle (l’époque du plastique, du toujours plus, etc.). Fin février 2024, les Highscores de “Flash Invaders” montraient que les 100 plus gros joueurs avaient chacun scanné plus de 2600 mosaïques. Combien de kilomètres parcourus? Combien de vols en avion juste pour voir et flasher des mosaïques “Space Invaders”?
_”Avec un grand pouvoir vient une grande responsabilité.”
_Stan Lee - scénariste de bande dessinée et spécialiste des hommes masqués
{ Article publié dans le n°143 de l’infolettre Muzeodrome - le 28 février 2024 }