“Les envahisseurs, des êtres étranges venus d’une autre planète. Leur destination : la Terre. Leur but : s’y établir et en faire leur univers…”
Ainsi commençait en version française les épisodes de la série états-unienne Les envahisseurs (The Invaders) - série diffusée en France pour la première fois à partir du 4 septembre 1969. Cette même année naissait un garçon nommé Franck Slama qui quelques décennies plus tard allait devenir mondialement connu sous le pseudonyme d’Invader. Pour l’ancien étudiant des Beaux Arts, la révélation s’est produite en 1996, lorsqu’il effectuait la pose d’une mosaïque sur mur.
”J’ai rapidement réalisé que ce geste était fort, tant plastiquement que conceptuellement car il s’agissait d’un Space Invader, une créature numérique programmée pour, comme son nom l’indique, envahir notre espace, et ce à une époque où les ordinateurs commençaient justement à envahir nos bureaux et nos vies!”
Invader interviewé par Stéphanie Aubert dans Libération en septembre 2007
Deux ans plus tard, l’artiste lançait son “Invasion”. C’était en 1998 - l’année des 20 ans du jeu vidéo Space Invaders, qui inspire l’artiste pour ses compositions principales. Depuis, Invader a lui-même posé plus de 4000 de ses mosaïques dans le monde entier. Des compositions toutes différentes car Invader s’est donné pour contrainte “de ne jamais reproduire la même mosaïque”.
Soutenu par le développement des numériques en ligne, l’artiste a pu et su développer, au fil des ans, une véritable communauté autour de son travail. Dans space-invaders.com, son site Web officiel (actif depuis 1999), il propose des informations sur son travail, des news et la carte mondiale de son Invasion.
Habitant le 11ème arrondissement de Paris depuis plus de 30 ans, j’ai vu avec plaisir, pendant les dernières décennies, les (re)créations d’Invader envahir l’espace urbain en jouant avec celui-ci. Né dans la seconde partie des années 1960, je partage avec l’artiste de nombreuses références culturelles. Comme lui, j’ai joué dans ma jeunesse avec Space Invader - mais aussi à Pac Man ou Q*Bert… Comme lui, je porte un intérêt à l’esthétique des images avec de gros pixel et à certaines cultures underground. Pas très loin de mon domicile figure d’ailleurs son Mister Natural (PA_1277) - placé à l’origine au dessus de la boutique Thé Troc, aujourd’hui remplacée par la librairie-café féministe, lesbienne et LGBTQIA+ Violette and Co.
Signe évident d’un changement d’époque.
{ Article publié dans le n°143 de l’infolettre Muzeodrome - le 28 février 2024 }