Alors que les IA génératives sont poussées par nombreux acteurs pour dévorer le monde, il est bon de rester prudent plutôt que de se précipiter par peur de rater le “train de l’innovation”.

Tout d’abord, il est important de rappeler que le concept d’IA (“intelligence artificielle”) couvre un large ensemble de logiciels et d’architectures. Plusieurs projets “plus ou moins estampillés IA” n’en contiennent d’ailleurs même pas. Par exemple, beaucoup des chatbots n’ont rien a voir avec de l’IA, ils présentent juste des arbres de décision statiques.

Les sociétés des Industries culturelles et créatives (ICC) qui se présentent comme acteurs de l’IA s’appuient presque toujours des briques d’autres sociétés, souvent celles des géants états-uniens de la technologie (Open Ai, Microsoft, Google, IBM, Amazon…). Des briques auxquelles les sociétés des ICC ajoutent des surcouches. Cette architecture multicouche a pour conséquence de forts risques de dépendance et d’obsolescence pour les projets dynamiques.

Les géants de la technologie ont sciemment précipité des produits imparfaits sur le marché, craignant qu’en faisant preuve de prudence, ils ne permettent à leurs rivaux de dominer l’IA. Les préoccupations de sécurité et d’éthique sont passées au second plan par rapport à la recherche du profit.
John Naughton (dans The Gardian - 9 décembre 2023)

Mettre en avant les IA génératives est aujourd’hui avant-tout un choix politique, celui de l’accélération. Un choix qui implique aussi :

  • Un important travail humain masqué →
    Une grande partie du travail nécessaire à l’élaboration et au fonctionnement des IA génératives est produite à bas coût loin des regards par la “main-d’œuvre mondiale”.

  • Une grande consommation de ressources →
    Les IA génératives actuelles consomment beaucoup de ressources : matériaux pour leurs puces, énergie et eau pour effectuer leurs calculs.


{ Article publié dans le n°139 de l’infolettre Muzeodrome - le 20 décembre 2023 }