// Entretien avec Marthe Viallet //

J’ai souhaité questionner Marthe Viallet sur son travail. Diplômée d’un Master en droit des finances publiques, Marthe rejoint en 2008 pour cinq ans le service du budget du Musée du Quai Branly. En 2015, elle découvre la data visualisation et elle se passionne pour ce domaine. Ce qui la pousse à entreprendre une formation en design graphique et data visualisation.

Depuis 2020, elle travaille comme commissaire d’expositions de visualisations de données indépendante. Elle est l’auteure de quatre expositions - dont les trois premières avec Florian Melki. Expositions abordant des sujets aussi variés que les crises sociales et environnementales (2022), les réseaux (2021), et plus récemment le sport en collaboration avec l’INSEP (2023) - Cette dernière a été présenté au Palais des Congrès de Paris et aux Journées du Patrimoine.

Marthe, qu’est ce que la data visualisation (dataviz) ?
Et pourquoi ton intérêt pour celle-ci ?

La data visualisation désigne la représentation graphique d’informations et de données. Elle vise à rendre les données plus compréhensibles en les présentant sous forme de graphiques, d’infographies, de cartes…Elle est aujourd’hui utilisée dans de nombreux domaines comme la science, le journalisme, l’art, etc. Nous sommes entrés dans l’ère des données.

J’ai ainsi découvert cet outil formidable qu’est la dataviz qui ne se contente pas de rendre limpide ce qui est abscons, mais possède le pouvoir de créer de l’émotion, des prises de conscience simplement par les formes et les couleurs. 

Ponctuellement ou plus largement, que peut apporter la dataviz à un musée ? 

Elle peut à mes yeux transformer l’expérience muséale en captant l’attention des visiteurs et facilitant la compréhension des sujets traités par les expositions (frises chronologiques, cartes, etc.).

Elle offre des options de connaissance alternatives au texte - cartels, livrets de visite - enrichissant ainsi les dispositifs de médiation existants. On vise donc aussi l’accessibilité.

Elle offre également aux musées de nouvelles façons de raconter des histoires et d’engager le public. Je pense à l’exposition “Aux frontières de l’humain” du Musée de l’Homme (2022) qui a collaboré avec l’INSEP. Dans cette exposition, un miroir magique révèle soudainement la silhouette imposante de Teddy Riner, nous permettant ainsi de comparer notre taille à la sienne. Cette expérience unique illustre parfaitement le potentiel captivant de la dataviz.

Tu as travaillé sur plusieurs expositions basées sur de la dataviz - peux-tu nous en dire plus ? Quelles ont été les réceptions de celles-ci par des publics ? 

J’en ai conçu quatre, portant sur des sujets variés tels que les réseaux, l’urgence sociale et environnementale et le sport

Mon parti-pris est d’élever au rang d’œuvres des data visualisations impactantes et significatives par leur design. Je veux créer de l’émotion, de l’émerveillement, de la surprise. Ce sont des graphiques mais qui peuvent ressembler à tout autre chose.

Certains sujets, tels que le changement climatique, suscitent souvent des réactions émotionnelles et des prises de conscience, tandis que d’autres plus ludiques informent tout en amusant.

Pour finir ce court entretien, aurais-tu des exemples d’utilisation particulièrement ingénieuse de la dataviz par des musées ou des organisations culturelles ? 

Je pense au MoMA qui a fait appel en 2017 à la designer italienne Giorgia Lupi pour créer une data visualisation lors de l’exposition sur la mode “Is Fashion Modern?". Les visiteurs ont pu voir grâce à la data visualisation comment des pièces de mode emblématiques ont évolué au fil du temps. La visualisation a été présentée comme la pièce de clôture de l’exposition, imprimée sur trois immenses murs !

→ Retrouvez Marthe Viallet sur LinkedIn - Behance - X et Instagram.


{ Brèves publiées dans le n°136 de l’infolettre Muzeodrome - le 25 octobre 2023 }