// Entretien avec Elisabeth Gravil //

Dirigeante de Museovation, Elisabeth Gravil effectue une veille constante sur la créativité des musées. Nous échangeons régulièrement nos points de vue depuis plus de cinq ans. Nous travaillons aussi parfois de concert sur des missions de stratégie numérique (dernièrement pour le musée des Augustins de Toulouse). Au début de l’été 2023, Elisabeth était New-York.

Elisabeth, pourquoi es-tu allée à New-York ?

Je réalise une revue des initiatives et meilleures pratiques des musées hors de France de manière régulière depuis 5 ans, afin d’alimenter ma propre réflexion stratégique et pour fournir des exemples concrets à mes clients. Ces trois dernières années, j’ai suivi de nombreux webinaires mais il arrive un moment où il faut aller sur le terrain pour voir si le discours correspond à la réalité.

Peux-tu nous parler du Cooper Hewitt Museum que tu as à nouveau visité au début du mois de juillet 2023 ?

Situé à deux pas du Guggenheim, le Cooper Hewitt est dans les murs de la « Carnegie mansion » transformée en musée dédié au design et à ses pratiques. C’est surtout un membre de la Smithsonian, et dans ce cadre, il s’est donné pour mission d’aider les autres musées dans leur réflexion stratégique. C’est donc pour moi une visite incontournable pour faire progresser les pratiques numériques muséales par la compréhension des visiteurs grâce au Design Thinking.

Qu’est-ce qui t’a interpellée au Cooper Hewitt Museum cette fois-ci ?

Une exposition sur la compréhension des apports de la paix par le design : « Designing Peace : Building a better future ». Ayant quitté la France juste après les jours d’émeutes, cette exposition m’est apparue comme une réponse possible pour penser les problématiques sociétales, environnementales et économiques auxquelles sont confrontées nos sociétés. L’exposition part du constat que la paix n’est pas l’absence de guerre mais un processus dynamique qui se construit, en s’appuyant sur les techniques du Design Thinking couplées aux 17 objectifs de développement durable de l’ONU. On peut ainsi créer du lien et maintenir des interactions pacifiques, soit par des confrontations créatives, soit par des conceptions itératives qui exigent l’adoption de la vérité et de la justice, dans un principe de réconciliation et d’inclusion de voix multiples, afin de construire un nouveau contrat social.

Quelles sont les propositions de l’exposition qui t’ont le plus marquée ?

Je classerai les propositions en trois grandes catégories permettant toutes de passer à l’action : celles qui permettent de visualiser l’étendue d’un problème (Harassmap.org), celles qui provoquent l’empathie par effet de miroir (Teeter-Totter Wall) et celles qui provoquent la discussion dans un espace sécurisé pour envisager un autre futur (Conflict Kitchen).
Des ateliers « Beautiful Trouble » sont régulièrement menés au musée avec des groupes d’élèves afin d’ouvrir la discussion sur de nombreux sujets : Art & activisme, Remettre en cause le pouvoir, Histoires, Formulation et changement social etc.

Informations pratiques

Note : Lors de son séjour estival à New-York, Elisabeth a exploré d’autres expositions dont « Fire » présenté au Fotografiska. Elle en parle dans un article consacré à deux expositions autour du FEU dans son blog Medium.


{ Article publiĂ© dans le n°131 de l’infolettre Muzeodrome - le 9 aoĂ»t 2023 }