// Entretien avec Pierre MĂ©tivier //

Grand amateur de la « petite reine », Pierre Métivier (Twitter / Flickr) est un lecteur attentif de l’infolettre Muzeodrome depuis ses premiers numéros. Fin avril 2023, Pierre m’envoie des photos de ses découvertes à Vienne (Autriche). Je lui dit alors que je souhaite publier certaines des photos qu’il m’envoie. Le temps passe (trop vite) et mi-juin, je le recontacte…

Pierre, pourquoi es-tu allé à Vienne ?

On vient Ă  Vienne pour l’histoire, pour les musĂ©es, pour la musique, pour les valses, pour l’architecture, pour les dorures et le strass, pour les cafĂ©s voire pour les desserts. C’est la ville de Sissi, de Klimt, de Schiele, de Gustav Mahler, des Strauss et du Troisième Homme.

Quel sont pour toi les musées incontournables de la ville ?

Le Kunsthistorishes Museum pour ses collections magnifiques de peintures flamandes, espagnoles, italiennes et une salle magique qui contient une dizaine de Bruegel dont la cĂ©lĂ©brissime “Tour de Babel”. Il ne faut pas oublier de lever la tĂŞte ne montant l’escalier monumental du hall d’entrĂ©e pour admirer les panneaux de Klimt, bien sĂ»r. 

Le MuseumsQuartier avec entre autres : le Leopold museum (son expo Vienne 1900, ses Klimt et un Ă©tage consacrĂ© en grande partie Ă  Egon Schiele) - le MUMOK (le musĂ©e d’art moderne, petit frère dans son contenu du Centre Pompidou - un capharnaĂĽm d’images dans un espace rĂ©solument contemporain) - Les deux BelvĂ©dères (qui hĂ©bergent de nombreux Klimt dont le Baiser, universellement connu, mais dans son format original carrĂ© alors qu’on ne voit souvent que la couple sans le reste du tableau) - Le Pavillon de la SĂ©cession (oĂą l’on retrouve des fresques de … Klimt).  

Il y en a de nombreux autres. Tout cela n’est pas très original mais tellement magnifique.

Un coup de cœur en dehors de ces incontournables ?

La Kunst Haus - CĂ´tĂ© est de la ville et lĂ©gèrement Ă  l’Ă©cart du centre touristique se trouve le musĂ©e construit par et dĂ©diĂ© au peintre et architecte iconoclaste, Hundertwasser, un homme proche de la nature et indĂ©pendant de l’influence des modes et des courants du monde contemporain. Ce musĂ©e prĂ©sente une diversitĂ© jubilatoire de formes et de couleurs. La plupart de ses peintures s’y trouvent. Pas (ou peu) de lignes droites ou de surfaces planes (y compris les sols, cela surprend). 

Mining photography - Une expo temporaire au mĂŞme endroit prĂ©sentait l’impact Ă©cologique de la photographie, Ă©tablissant le lien entre le dĂ©veloppement de l’industrie chimique liĂ©e Ă  la photo analogique (cuivre et argent par exemple) et sa grande sĹ“ur, la photo numĂ©rique (et l’Ă©lectronique nĂ©cessaire) avec, entre autres, un miroir connectĂ© Ă©quipĂ© de camĂ©ras, repĂ©rant les appareils Ă©lectroniques du visiteur et lui indiquant les consommations d’Ă©nergie et de terres rare liĂ©es Ă  la fabrication de ses appareils. Très efficace en terme de communication, mĂŞme si…

Et du coté installations muséales ?

Je ne suis pas un spécialiste mais deux installations ont retenu mon attention.

Dans le Kunsthistorishes Museum dans plusieurs salles très classiques, les Naked Masters, une expo mĂ©lange allègrement et avec bonheur des portraits classiques et d’autres contemporains qui auraient trouvĂ© leur place au MUMOK. D’autres salles intègrent peintures classiques et contemporaines. 

A few degrees more. Au Leopold museum, certains tableaux sont penchĂ©s de 4 degrĂ©s, ce qui est visiblement Ă©trange, pour alerter sur le dĂ©règlement climatique et l’augmentation des tempĂ©ratures de 4°C. [Voir Muzeodrome n°125]

Pour terminer cet entretien, Pierre nous offre une belle citation d’Hundertwasser: “The line I trace with my feet walking to the museum is more important and more beautiful than the lines I find there hung up on the walls” (“La ligne que je trace avec mes pieds en marchant vers le musĂ©e est plus importante et plus belle que les lignes que j’y trouve accrochĂ©es aux murs”).

Note complĂ©mentaire : Fin mars 2023, Arte avait consacrĂ© un reportage Ă  l’exposition Mining photography. IntitulĂ© “La photographie est-elle durable ?”, ce reportage de trois minutes Ă©tait articulĂ© autour d’un entretien avec Sophie Haslinger, commissaire d’exposition spĂ©cialisĂ©e dans la photographie et l’Ă©cologie.


{ Entretien publiĂ© dans le n°128 de l’infolettre Muzeodrome - le 28 juin 2023 }