// Entretien avec Emmanuel Rouillier (Mosquito) //

Emmanuel Rouillier a créé Mosquito (Paris) en 1996. D’abord orienté vers le CDRom, la société a rapidement bifurqué vers le Web qui offrait alors de meilleures perspectives. Depuis les années 2010, Mosquito réalise surtout des installations in situ et des scénographies numériques. La société a longtemps travaillé pour la Réunion des musée nationaux et le Grand Palais, mais aussi pour le Centre des Monuments Nationaux, des musées parisiens ou territoriaux. Depuis 5 ans, Mosquito travaille régulièrement au Louvre Abu Dhabi pour des expositions permanentes et temporaires

Bonjour Emmanuel, peux-tu décrire ton activité en quelques mots ?

Je créé du design interactif et je mène des recherches autour de la conception de nouveaux outils numériques dans le but de créer de nouvelles formes d’écritures pour la médiation culturelle.

Ton premier SITEM s’Ă©tait en ? Tu en gardes un souvenir ?

En 2009, j’ai fouillé dans mes archives ! J’en garde un souvenir plutôt bon, ça m’a permis de montrer mon travail à la communauté et d’être identifié par les différentes maîtrises d’ouvrages.

Combien de SITEM Ă  ton actif ?

Déjà 14 ! Je n’avais encore jamais compté

Un projet que tu as réalisé ces derniers mois et que tu souhaiterais mettre en avant ?

Le musée des enfants du Louvre Abu Dhabi dont je vais livrer la 3e version en juillet prochain. C’est une visite personnalisé grâce à un bracelet connecté. Toute l’exposition est construite autour d’une expérience “gamifiée”, où les enfants progressent de missions en découvertes d’œuvres d’art, comme dans un jeu vidéo. (110·000 visiteurs pour la première exposition et 250·000 visiteurs en 2 ans d’exploitation pour la seconde version avec plus de 80·000 profils d’enfants actifs).

Pour toi, quelles ont été les évolutions majeures des méditions culturelles multimédias / numériques au cours de ses années ?

Il me paraît évident que la médiation culturelle est de plus en plus importante en muséographie. Elle est même désormais incontournable. Le multimédia permet de créer des expériences très qualitatives qui modifie profondément et durablement l’expérience des visiteurs de musée.

Et particulièrement du côté des narrations ?

L’usage d’outils de médiation culturelle numérique participe pleinement à la muséographie contemporaine. Grâce à la combinaison de plusieurs technologies, comme la production d’images de restitution 3D couplé à des dispositifs d’interactions et de diffusions immersives, il est enfin possible de tenir la promesse que les visiteurs de musée d’histoire attendent depuis toujours : vivre, voir et ressentir le passé « comme si j’y étais ».

Quelle soit augmentée ou virtuelle, cette nouvelle réalité muséographique va entrainer les visiteurs au cœur de l’histoire, inverser les paradigmes, proposer de nouvelles expériences et faciliter les apprentissages.

D’après toi, quelles sont les Ă©volutions Ă  venir ?

Je pense que des productions de plus en plus ambitieuses (financièrement et éditorialement) vont pouvoir apparaître dans les prochaines années, utilisant des dispositifs techniques spectaculaires et sophistiqués, avec un usage de plus en plus assumé de la narration et de la fiction.

Que présenteras-tu au SITEM le 2033 ?

Une exposition / expérience (aucune idée de comment on appellera ça à ce moment, ni même de la forme exacte du truc) entièrement conçu, produit et réalisé par Mosquito à l’intérieur ou à l’extérieur d’un musée.

Une ressource ou un coup de cœur à partager aux lectrices et lecteurs ?

Pour produire des textes et des images les nouvelles IA sont clairement la révélation de cet année… J’essaye de maîtriser STABLE DIFFUSION, l’avantage c’est que c’est open source et que l’on peut l’installer en local sur sa propre machine.


{ Entretien publiĂ© dans le n°126 de l’infolettre Muzeodrome - le 28 avril 2023 }