/ Entretien avec Pauline Maréchal et Lydia Labalette du Château des ducs de Bretagne /

Du 16 octobre 2021 au 19 juin 2022 le Château des ducs de Bretagne - musée d’histoire de Nantes présentait l’exposition “L’abîme. Nantes dans la traite atlantique et l’esclavage colonial 1707-1830”. Dans cette exposition figurait un ensemble de dispositifs numériques. Plusieurs de ceux-ci viennent d’être intégrés dans les salles consacrées à la traite atlantique et l’esclavage colonial du parcours permanent du musée. J’ai posé quelques questions à ce sujet à Pauline Maréchal (chargée de projets numériques) et Lydia Labalette (administratrice et responsable des projets numériques).

Dés la conception de l’exposition “L’abîme”, aviez-vous imaginé que certains dispositifs numériques seraient implantés dans le parcours permanent ?

La commissaire et directrice scientifique du musée d’histoire de Nantes, Krystel Gualdé, avait effectivement en tête la possibilité que des éléments de l’exposition temporaire intègrent le parcours permanent.

De plus, suite à une enquête des publics qui nous a conforté dans cette idée, nous avons pu identifier les dispositifs numériques qui avaient le plus de sens et qui pouvaient, selon les contraintes techniques liées au bâtiment, intégrer le musée.

Le dispositif le plus marquant, et celui qui avait le plus de sens car lié directement à deux œuvres phares des collections, fut la projection sur les tableaux « Les quatre Nantais » de Pierre-Bernard Morlot. Ce dispositif a été réalisé avec l’entreprise Buzzing Light, et adapté ensuite par un technicien du musée selon l’accrochage des peintures dans le parcours permanent.

L’exposition présentait également une grande projection d’aquarelles représentant l’entrepont d’un navire négrier : typiquement, cette projection, malgré sa qualité, ne pouvait pas intégrer le musée compte tenu de la technologie trop massive pour la muséographie actuelle.

Pour l’exposition, des passages du Code noir ont été enregistrés, et comme un exemplaire est exposé au musée, il était tout naturel d’adapter l’espace pour que des points d’écoute soit proposés.

Cette démarche reste assez rare, les dispositifs en provenance de l’exposition temporaire renforçant et diversifiant l’exposition permanente…

En effet, mais l’avantage est que l’exposition temporaire fut construite à partir des collections du musée, sur un sujet d’expertise. De ce fait, il était tout naturel d’imaginer un passage du temporaire vers le permanent.

Ceci rejoint aussi les actions écoresponsables du musée…

Tout à fait, le musée a pour habitude d’investir dans du matériel qu’il réutilise dans les expositions, dans le musée, le tout géré par le service technique. Le service des expositions a également acquis des vitrines réutilisables, présentes actuellement dans l’exposition Inde – Reflets de mondes sacrés.

Allez-vous procéder de même avec certains dispositifs des futures expositions temporaires du musée ?

Pour le moment, ce n’est pas prévu, puisque le sujet des expositions temporaires n’est pas toujours présenté dans le musée. Cependant, une period room va être conçu dans le musée comme cela avait été fait dans l’exposition LU. Un siècle d’innovation (1846-1957). A découvrir prochainement en salle…


{ Entretien publié dans le n°122 de l’infolettre Muzeodrome - le 8 février 2023 }