/ Entretien avec le compte Instagram @misere_de_musees /
Si je vous dits “misère de musées”, quelle est la première chose qui vous vient à l’esprit ? Depuis décembre 2017, un compte Instagram est consacré à ce sujet.
Si comme le dirait un de mes bons amis “la critique est plus facile que la réalisation“, elle peut être stimulante alors je vous propose ci-dessous un entretien avec la personne qui administre ce compte - personne qui restera anonyme.
Pourquoi le compte Instagram @misere_de_musees ? Quels étaient vos objectifs en ouvrant celui-ci ?
Je visite beaucoup de musées et depuis longtemps, d’abord pour mes études puis pour mon travail, j’observe avec attention les mots, les matières, les sensations et j’aime chercher la petite bête. Un jour, j’ai voulu partager mes trouvailles et aussi montrer les musées sous un angle différent, plus proche et plus réaliste.
Êtes-vous une ou plusieurs personnes derrière ce compte ? Recevez-vous souvent des échecs muséaux d’autres personnes ?
Je suis seule et jusqu’à l’été 2022, ce n’était que mes trouvailles, même si la mention de mes DM ouverts était déjà là. Je suis heureuse qu’on m’en envoie, j’ai plein d’échanges de visiteurs, de pro de musées. Aujourd’hui, la moitié sont des échecs envoyés par d’autres, ce que je signale en fin de post.
Vos publications montrent aussi les difficultés économiques des institutions - est-ce que vous souhaitez souligner ces difficultés qui sont rarement évoquées ?
Les musées ont des difficultés, subissent la même casse délibérée que le reste des services publics. Et ça a des conséquences dans les équipes et face au public. Leur communication ne peut pas se résumer à des jolies images de salles vides ou des détails sur les collections
Avez-vous eu des retours de musées ciblés par vos publications ? Savez-vous comment ceux-ci perçoivent votre côté poil à gratter ?
Aucun musée ne m’a contactée, je dois être trop petite et passer sous les radars institutionnels ˆˆ
J’essaye d’adopter un ton et une approche non agressive et je ne critique que des institutions capables de ne pas faire ce qu’elles font, jamais de très petites structures qui font comme elles peuvent.
Qu’est ce qui vous motive aujourd’hui à continuer ce projet critique ?
J’ai un angle d’approche intarissable, il y aura toujours des trucs à critiquer dans les musées et c’est une bonne chose ! J’aime profiter des ratés pour parler d’accessibilité, de conservation préventive, de construction de sens, bref de muséo qui est le cœur de mon métier et que j’aime beaucoup.
Une ressource singulière à proposer aux lectrices et lecteurs de Muzeodrome ?
Pour rester sur Instagram, les comptes de mèmes de professionnels comme @meme2regie @museumshit ou @internationalmountmakersforum. Blagues de niche et regard sincère sur les musées vus de l’intérieur.
{ Entretien publié dans le n°120 de l’infolettre Muzeodrome - le 18 décembre 2022 }