Le 11 novembre 2022, le Musée Saint-Raymond (MSR) de Toulouse a rejoint Mastodon. Alors que très peu de musée ont adhéré au réseau distribué, j’ai trouvé ce mouvement du MSR particulièrement intéressant. En 2008, ce sont des établissements de Toulouse, les Abattoirs et le Muséum, qui ont été pionniers du coté des réseaux sociaux pour les musées français.

Pourquoi le MusĂ©e Saint-Raymond a-t-il rejoint Mastodon Ă  la mi-novembre 2022 ? Qu’est-ce qui a motivĂ© le musĂ©e Ă  s’engager dans ce rĂ©seau distribuĂ© ?

Le musée a effectivement observé la montée en puissance de Mastodon et l’accélération des départs de Twitter, deux éléments liés aux questionnements qui secouent actuellement le réseau. 

L’arrivée du MSR sur Mastodon relève toutefois davantage de la phase exploratoire qu’autre chose, sans stratégie encore bien définie à ce stade. Il s’agit surtout d’observer ce qu’il s’y passe, de bien prendre le temps de comprendre les usages de ce réseau, qui sont de surcroit en pleine mutation. 

Ce travail avait été précédé par l’ouverture d’un compte personnel par Lydia Mouysset, notre community manager, toujours dans cette optique d’observation et pour se (re)familiariser avec l’outil. 

Selon vous, comment l’arrivĂ©e du MusĂ©e Saint-Raymond dans Mastodon rĂ©pond aux axes stratĂ©giques de son projet scientifique et culturel ainsi qu’à ses missions envers ses publics ?   

L’objectif du MSR reste d’aller là où le public se trouve ; à partir du moment où on peut observer ce jeu de vases communicants entre Twitter et Mastodon, nous ne faisons que répondre à notre objectif en y allant. Le fonctionnement paraît finalement assez peu différent de Twitter, à l’inverse par exemple de Tik Tok que nous n’avons pas investi, faute de moyens humains pour le faire. 

Quelques institutions françaises avaient rejoint Mastodon en 2017 (comme Les Champs Libres ou le MusĂ©e du Quai Branly), pour ensuite rapidement abandonner. Quels seront pour vous les signes qui vous inciteront Ă  continuer de publier et d’Ă©changer dans celui-ci ?  

Lydia Mouysset avait ouvert un compte personnel sur Mastodon en 2017, déjà pour observer, et elle avait pu noter la présence de ces institutions. Mais si la question avait pu se poser pour le MSR, il n’y avait pas eu de suites. 

Ensuite, ce seront les interactions que nous pourrons établir avec nos abonnés et leur intérêt pour nos publications - même s’ils sont plus difficiles à mesurer que sur Twitter – qui vont motiver notre choix de continuer ou non sur Mastodon. Et puis c’est finalement aussi assez exaltant de repartir de 0 et de nouer de nouvelles relations. 

Nous n’avons donc pas déterminé de stratégie bien définie. Nous voulons faire découvrir nos collections mais aussi publier des choses différentes de celles qui sont postées sur Twitter car certains de nos abonnés sont présents sur les deux réseaux. Cette arrivée, c’est aussi, en quelque sorte, un moyen de refaire connaissance.

Vous attendez-vous Ă  ce que d’autres musĂ©es francophones vous suivent ? Allez-vous inciter d’autres institutions et vos publics Ă  rejoindre Mastodon et le fĂ©divers ? 

C’est difficile de dire si d’autres musées vont suivre, chacun restant lié par ses pratiques, ses objectifs et ses moyens. 

De notre côté, nous n’avons pour l’instant pas annoncé notre présence sur Mastodon, ni au public en général ni aux abonnés de Twitter, objectif donc non tenu avec la parution de cette interview. Nous nous donnons le temps d’apprivoiser l’outil et de faire connaissance avec nos abonnés et leurs usages. L’accueil que nous avons reçu est, pour l’instant, plutôt bon et enthousiaste. 

► Le compte Mastodon du Musée Saint-Raymond : @msr_tlse@piaille.fr
â–ş Celui de Lydia Mouysset : @lydiamouysset@piaille.fr


{ Entretien publiĂ© dans le n°119 de l’infolettre Muzeodrome - le 20 novembre 2022 }