Le titre de cette notule n’est pas celui d’un film états-uniens de super-héros. Mais remontons le temps pour mieux comprendre. Depuis le début des années 1960, l’artiste Jacques Monestier fait “revivre l’art ancien des automates en de véritables sculptures animées, utilisant les techniques les plus modernes”. A l’automne 1979, une de ses œuvres principales, une horloge monumentale à automates nommée “Le Défenseur du temps”, est installée sur une des façades d’un nouvel ensemble d’immeuble construit par l’architecte Jean-Claude Bernard. Cet ensemble d’immeuble, situé au cœur de Paris, juste à côté du Centre Georges-Pompidou (inauguré lui moins de 3 ans plus tôt), prendra pour nom Quartier de l’Horloge.

Voici comment cette horloge singulière en laiton aux personnages actionnés par des vérins pneumatiques est présentée dans le site de l’artiste :

Le Défenseur du Temps lutte victorieusement contre les trois animaux qui l’entourent : Le crabe, le dragon et l’oiseau, symbolisant la mer, la terre et le ciel. A chaque heure du jour (entre 9 heures et 22 heures), l’homme est attaqué par l’un des trois animaux, choisi par un programmateur de hasard. A 12 heures, 18 heures et 22 heures, il est attaqué par les trois animaux à la fois. Quelques instants avant l’heure, les trois coups annoncent le spectacle. Un tambour en bronze sonne l’heure. Le déferlement des vagues de la mer, le grondement terrestre ou le souffle du vent accompagne le combat choisi.

En 1995, l’horloge a été restaurée et mise à jour technologiquement. Malheureusement 8 ans plus tard, le 1er juillet 2003, elle est arrêtée faute de financement. A partir de ce jour, l’automate était “resté paralysé, abandonné progressivement à une colonie de pigeons et à l’érosion”.

Ces derniers mois l’horloge a été restaurée à l’initiative de l’artiste Cyprien Gaillard qui a souhaité ressortir de l’oubli cette œuvre d’art public qui le fascinait dans ses jeunes années. Du 19 octobre 2022 au 8 janvier 2023, l’horloge réactivée est présentée à Lafayette Anticipations (Paris) dans le cadre du projet HUMPTY\DUMPTY (un projet de Cyprien Gaillard aussi déployé au Palais de Tokyo). Extrait du communiqué de presse :

C’est autour d’une réflexion sur le temps, ses traces, ses effets, et les relations que l’humain noue avec lui, que l’artiste imagine cette proposition. Inspiré par l’époque, alors que Paris restaure frénétiquement ses monuments les plus prestigieux et en efface les marques d’usure en préparation des Jeux Olympiques, Gaillard révèle comment la ville constitue un terrain privilégié d’expression de l’entropie (de la dégradation, du désordre et de l’imprévisible), et comment, en retour, l’humain tend à lutter contre cet état.

Maintenant, que le temps a retrouvé son défenseur, rassurez-moi tout va bien rentrer dans l’ordre ?

Note : Le Défenseur du temps sera réinstallé à son emplacement d’origine dans le quartier de l’horloge au début de l’année 2023.

/via un tweet de @tmtdbs


{ Article publié dans le n°117 de l’infolettre Muzeodrome - le 30 octobre 2022 }