/ Entretien avec Valentine Rondelez - Musair /

Musair propose la création de capsules sonores, qui emmènent les visiteurs à la découverte des œuvres d’un musée ou des secrets d’un lieu dans des parcours accessibles via une web-application sur smartphone. Les productions de Musair mobilisent une écriture “à haut impact émotionnel”.

Valentine Rondelez, peux-tu nous présenter Musair ?

L’idée de Musair a germé en 2019, avec l’envie de partager des émotions artistiques et des inspirations nées au contact des œuvres comme des lieux. Le projet s’est d’abord concentré sur des expériences à vivre in situ. Avec nos nouveaux développements, nous créons également des immersions sonores en plein air.

Pourquoi le son ? Et pourquoi privilĂ©gier l’immersion narrative et Ă©motionnelle ?

Le son, car nous voulons que les yeux se posent vraiment sur les objets à regarder. Là où beaucoup de visiteurs baissent les yeux vers un cartel en espérant « comprendre », notre écriture cherche à surprendre l’oreille et capter l’attention. Nous guidons le regard à la voix en proposant aux publics d’être dans l’ici et maintenant de l’œuvre, de la ressentir même sans dates et sans références historiques. L’écriture aborde la réalité du sujet souvent en le transposant dans la contemporanéité. C’est cette rencontre d’une œuvre avec nos vies qui crée l’émotion.

Vos rĂ©alisations mobilisent beaucoup les musiques et les chansons…  Quelles Ă©motions inattendues cherchent Ă  provoquer les rĂ©alisations de Musair au travers de celles-ci ?

Provoquer ce n’est pas le mot. Je recherche les musiques qui sont plutôt la prolongation d’une émotion qui est déjà au cœur de l’œuvre : le sujet qu’elle illustre, sa genèse, sa résonance actuelle. Le choix, presque toujours d’une époque différente, est un de mes ressorts narratifs : démontrer que des œuvres que des siècles séparent vibrent à l’unisson. Ça donne des mashup surprenants et marquants.

Une anecdote savoureuse sur la réception de vos productions ?

Le témoignage inoubliable d’Annie, l’une des habitantes d’Arras impliquée dans la co-création d’une capsule sonore pour le Musée des beaux-arts, ateliers que nous avons animés. Elle n’a pas hésité à dire que le Chemin sous bois de Constant Dutilleux était devenu une de ses œuvres préférées, alors qu’au départ elle ne l’aimait pas. Mais alors pas du tout (sic). Et que plus jamais elle ne regarderait un tableau comme avant !

Tu publies chaque semaine une infolettre. Peux-tu nous expliquer son principe et comment celle-ci s’articule avec les productions de Musair ?

Chaque vendredi, c’est comme un édito ! J’analyse une actualité de la semaine à l’aune d’une œuvre d’art. Une manière de prendre du recul, de soigner nos anxiétés, de garder intacte notre capacité à voir le beau. Il n’y pas de sujet dramatique ou léger qui n’ait été peint, écrit ou mis en musique. Début juillet 2022, Musair prouvait avec Brueghel, Monet et… Niagara (c’est ça le mashup !), que nos pratiques agricoles arriveraient à s’adapter au dérèglement climatique.

Pour terminer cet entretien, aurais-tu une ressource sonore singulière à recommander aux lectrices et lecteurs de Muzeodrome ?

La play-list de mon été : les délicieux Retours de plage de Thierry Jousse et Laurent Valéro sur France Musique !

â–ş Les capsules sonores de Musair : https://app.musair.fr

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{ Entretien publiĂ© dans le n°113 de l’infolettre Muzeodrome - le 14 juillet 2022 }